dimanche 30 septembre 2012

Zakuro

D'Ali Shimazaki, éditions Actes Sud
"A la fin de la soirée, je décide de prendre une photo de famille. J'installe l'appareil au fond du salon. D'abord, je laisse ma mère s'asseoir au milieu du canapé et demande à tout le monde de se placer autour d'elle. Tsuyoshi nous dit : "Disons Chîzu !"Quand je regarde dans l'objectif, ma mère fixe l'appareil, les yeux écarquillés, alors que tout le monde sourit."
Le père n'est pas revenu de Sibérie, la mère l'attend, hors du temps. Ecriture délicate et simple, ou tout comme.

vendredi 14 septembre 2012

Week-end à Zuydcoote

Epave à Zuydcoote,  Marvic
De Robert Merle, éditions Gallimard
"Maillat sentit un picotement désagréable derrière la nuque, le long de son bras. C'étaient comme de petites aiguilles chaudes qui s'enfonçaient dans sa chair, il n'aurait su dire où exactement, et qui se déplaçaient sans cesse. Ce n'était pas douloureux, et pourtant, c'était à peine tolérable. Est-ce que j'ai peur ? se demanda-t-il avec étonnement."
Prix Goncourt 1949 pour son premier roman. Ecoutez "radioscopie".
J'ai retrouvé le côté philosophique qui m'avait plu dans "L'île". Je n'ai pas vu le film de Verneuil, et finalement, je préfère rester avec ma lecture personnelle.

dimanche 9 septembre 2012

Bientôt

Bientôt, ce sera terminé. Il vient de me l'annoncer, comme une évidence. Moi, je reformule pour être sure d'avoir bien compris. Décidément, on en apprend tous les jours !
La surprise passée, l'onde se propage, souterraine.
Alors, je réalise. Le combat va bientôt s'achever. Un soulagement, le danger définitivement éloigné. En même temps, je perds ma meilleure ennemie. Contre qui m'arc-bouter ? Elle quitte l'arène, je m'effondre dans la poussière.
"C'est cela, pas de grossesse spontanée après cinquante ans."

lundi 3 septembre 2012

Le Maître de thé

De Yasushi Inoué, éditions Stock

"Vous souvenez vous du chapitre concernant l'apprentissage du thé ? Je pense qu'il est dû à Monsieur Rikyû : au début, il faut obéir à tout ce que le Maître ordonne ; ensuite, s'éloigner de lui un certain temps : si le Maître dit d'aller à l'est, se dirige vers l'ouest ! Cette période de contestation est nécessaire pour trouver sa propre personnalité ; après quoi, il faut retourner à nouveau vers le Maître et son enseignement : l'imiter dans les gestes les plus simples, comme verser l'eau d'un récipient dans un autre ... Ceci vaut aussi dans la vie quotidienne."
On trouve aussi cette réflexion : "Le néant n'anéantit rien ; c'est la mort qui abolit tout".
Le style "simple et sain" de la cérémonie du thé, on le découvre par petites touches, descriptions minutieuses des objets et des scènes. L'intrique de l'histoire, elle, chemine sur des décennies. 


samedi 1 septembre 2012

L'Opéra balayé par la pluie

d'Olivier Eudes, éditions Diabase
Lucrezia Panciatichi
"Au dehors j'ai jeté un dernier regard sur le rideau détenteur du mystère de la maison, mais j'ai regagné la rue sans qu'un seul mouvement vienne déranger son ordonnance. Le ciel était toujours aussi désespérément limpide et la chaleur était telle qu'on attendait la naissance des mirages du désert. J'aurais aimé que le temps soit à l'image de mon état d'âme et qu'un orage brise la monotonie de ce bleu pour y plaquer le rouge de ses éclairs et ses presque ténèbres. J'ai rêvé d'un vent fou qui aurait expliqué la déraison de mon acte. Pourquoi avais-je fait cela ?"
L'auteur est lui-même resté un mystère, nous indique la préface. Vingt huit ans, et la maladie l'emporte. J'ai lu ce roman en pensant à l'absence de  celui qui l'a écrit, ce qui ne me vient pas à l'esprit pour un texte du 19eme.
La post-face conclut par "Bonjour, Olivier Eudes !". J'ajoute "merci et bravo".