mercredi 19 juin 2013

Le livre du thé

de OKAKURA Kakuzô, éditions Picquier Poche
J'avais lu l'an passé un roman intitulé "le Maître du thé" qui évoquait le grand Rikyû. Les préface et postface de Sen Soshitsu m'ont été très utiles pour situé cette oeuvre, qui fait référence aujourd'hui. Ecrit vers 1905 par un homme à cheval entre les cultures orientale et occidentale, ce texte est d'une étonnante actualité.
"La chambre de thé fut une oasis dans le désert morne de l'existence, où des voyageurs épuisés pouvaient se retrouver et boire à la source commune de l'amour de l'art. La cérémonie évoquait quelque drame improvisé dont l'intrigue se nouait autour du thé, des fleurs et de la peinture. Nulle couleur en disharmonie avec les teintes de la pièce, nul bruit pour rompre le rythme des choses, nul geste pour faire obstacle à l'harmonie, nul mot pour briser l'unité environnante - tous les mouvements devaient être accomplis simplement et naturellement. Telles étaient les visées de notre rituel. Chose singulière, son succès ne s'est jamais démenti. Car une philosophie subtile le gouverne. Le "théisme" n'est autre que le taoïsme déguisé."

samedi 15 juin 2013

Clin d'oeil

Parmi tous les visages ornant cette façade, celui-ci est le plus humain. Il n'est pas un monstre, ni un singe, mais un grimaçant.
Lui sait que cette promenade sur le quai est prétexte pour alléger nos bourses ... Emportée par une envie "gastronomique", je me laisse tenter par la carte : une salade de harengs, un gratin de courgettes, mais pas de moules, car ce n'est pas encore la saison, comme cela est prometteur !
C'était bon, certes, mais il m'a semblé voir la grimace dans la glace, au moment de l'addition. Le fait maison, ça se paye (ma tête) !

mercredi 12 juin 2013

Calligraphie des rêves

de Juan Marsé, éditions Christian Bourgois
Histoire de Ringo, pendant le franquisme. D'après Antonio Lobo Antunes, Juan Marse est le plus grand écrivain espagnol vivant.
"Les premières gouttes tombent avant qu'il ait atteint les Ramblas. Il n'y a ni tram ni métro à cette heure du petit matin. Tant mieux, Ringo, à pinces jusqu'à la maison, sous la promesse de pluie. D'abord remonter les Ramblas puis traverser la place de Cataluna, déserte et spectrale, remonter le paseo de San Juan, et de là jusqu'à la Taversera pour tourner de nouveau à droite et prendre la rue Escorial. Au fond de certains porches émerge entre les ombres la fille de la glace, qui lui fait signe, en ouvrant son corsage. Pluie sur ses chaussures. Nuages gris dans la bouche. Le message rose dans sa poche."

dimanche 2 juin 2013

Les chutes de Slunj

d'Heimito von Doderer
L'auteur est mort en 1966, trois ans après la publication de ce dernier roman. Foisonnement de personnages à Vienne.
"Une fois entré, Zdenko entendit un léger déclic derrière lui, il ne voyait maintenant presque rien du tout. L'instant d'après, il fut tiré par une main dans la pièce claire. Elle le serra aussitôt dans ses bras et l'embrassa sur la bouche. Ce qui advint ensuite, il lui arriva encore d'en douter des années après, mais les choses s'étaient indéniablement passées de la sorte."