jeudi 29 septembre 2011

Lucien Jerphagnon

La route était étroite, serpentant entre les champs déjà labourés et les tournesols fanés. Le soleil se couchait : le ciel était sublime. J'écoutai la radio, l'émission était une entrevue avec Lucien Jerphagnon. Le cru et le su, croire aux les mythes, la foi, c'est l'espérance de l'amour. Je m'efforçai de retenir le nom de cet historien de la philosophie, de suivre sa réflexion. La nuit est tombée.
Merci d'avoir éclairé ma route.

mercredi 28 septembre 2011

Ceux qui n'en mènent pas large

De Jean-Pierre Martinet, éditions Le dilettante
Georges Maman, acteur raté, et Dagonard, assistant de cinéma, passent une longue soirée ensemble. Qui se noiera le premier ?
"Oui, un chic type, au fond, on pouvait dire ça. Plein de tact et de délicatesse. C'était rare, dans le métier. Et, avec ça, toujours prêt à régler l'addition le premier. Comme dans les bons vieux westerns, il dégainait presque toujours avant son adversaire, et les protestations, les petits cris effarouchés, ne servaient à rien. En général, tout finissait bien : il casquait. Un dingue du carnet de chèques. Un maniaque de la signature ruineuse. On avait parfois l'impression qu'il avait quelque chose à se faire pardonner. Peut-être sa connerie, peut-être autre chose de moins apparent, comment savoir ? En tout cas, chapeau ! Il payait pour qu'on le supporte. Ils n'étaient pas si nombreux, ceux qui avaient ce genre de scrupules."
Jean-Pierre Martinet fut assistant-réalisateur à l'ORTF, critique à Matulu, et kiosquier à Tours (Libourne, 1944-1993).

jeudi 22 septembre 2011

Le syndrôme d'Ulysse

de Santiago Gamboa, éditions Métailié
Le narrateur est un jeune écrivain colombien arrivant à Paris : nombreuses rencontres dans un Paris plein de surprises. Après avoir cité les cahiers de Cioran, "il faut tâcher de se faire comprendre, un point c'est tout ; demeurer, si possible, intelligible, c'est un but à la fois difficile et modeste", il écrit : "Personne n'est obligé de s'intéresser à un livre, aussi bon soit-il, et personne n'est obligé de comprendre ce qui ne l'intéresse pas, aussi édifiant et véritable soit-il, alors je me dis quoi écrire ?"
Entrevue avec l'auteur dans le matricule des anges

mardi 20 septembre 2011

Elsa

Quatre récits de l'occupation, éditions Aden.
Elsa Triolet raconte le pays sous l'occupation. Le passage de la ligne de démarcation, la prison, et puis cette femme qui part se reposer à la campagne :
"Le clair de lune s'insinue par les volets entrebâillés. Tous les barrages sont rompus, le monde roule sur Jeanne, non, elle porte le monde en elle, sa tête est une mappemonde, avec tous les continents, les mers, les volcans, les glaces, et les neiges et les déserts, et les hommes, mon Dieu, les hommes, tous les hommes ... Se crever les yeux, voilà ce qu'il faudrait faire ! Se crever les yeux et le coeur, pour ne plus voir, ne plus savoir, ne plus sentir ... mon Dieu, faites que je ne sente plus !"

jeudi 15 septembre 2011

Alouette

Dezsö Kosztolanyi, éditions Viviane Hamy
Classique de la littérature hongroise. Atmosphère poussiéreuse des années 1900. Alouette, trop laide pour trouver un mari, reste avec ses parents vieillissants.
"Ces gens-là sont tous comme inaccessibles. Comme si tous vivaient sur une île, loin du monde, loin des lois humaines. Si encore il y avait un chemin qui vous mène là-bas. Jusqu'à cette île, jusqu'à cette assurance, jusqu'à ce masque. Mais il n'y a pas de chemin. On ne peut pas faire de la vie une comédie, on ne peut pas la vivre en costumes. Il y a des gens pour lesquels il ne reste que la douleur, la douleur informe, implacable, qui n'est bonne à rien et ne sert à rien, à rien qu'à faire mal, mal à l'intérieur duquel ils s'enfoncent, tristesse qui n'est qu'à eux dans laquelle ils creusent toujours plus profond leurs galeries sans fin, mine obscure qui finit par s'effondrer sur eux, ils se retrouvent prisonniers là, et pas de secours."

dimanche 11 septembre 2011

Le mur noir

Le Normandie
de Carl-Henning Wijkmark, éditions Cénomane.
Retour en Suède après des années d'exil : le pays vit maintenant sous des masques grotesques, gangréné par la corruption. Retour au pays de l'enfance, à la recherche des origines. Retour au point de départ de l'existence, ultime course avec la maladie.
"Elle eut alors une réaction inattendue, un sentiment dont je n'avais pu apercevoir que de courtes étincelles. Une grande joie. Elle explosa presque, disant en bégayant que c'était merveilleux que je sois de retour, que cela lui ouvrait de nouveaux horizons dans la vie."