dimanche 23 décembre 2012

La dinde au whisky

Une recette québéquoise, retrouvée sur la toile. C'est le moment où jamais pour l'essayer !
Bonnes fêtes à vous


La dinde au Whisky, façon québécoise


Etape l 
Acheter une dinde d'environ 5 kg pour 6 personnes et une bouteille de whisky,
du sel, du poivre, de l'huile d'olive, des bardes de lard.
Etape 2 
Barder la dinde de lard, la ficeler, la saler, la poivrer et ajouter un filet d'huile d'olive.
Etape 3 
Préchauffer le four a 350, pendant dix minutes.
Etape 4 
Se verser un verre de whisky pendant ce temps-là.
Etape 5 
Mettre la dinde au four dans un plat a cuisson.
Etape 6 
Se verser 2 autres verres de whisky.
Etape 7 
Mettre le vour a 400 pendant 20 binutes pour la zaisir.
Etape 8 
Se bercer 3 berres de whisky.
Etape 9 
Après mettons une debieurre, fourrer l'ouvrir et surbeiller la puisson de la tinde.
Etape 10 
Brendre la pouteille de biscuit et s'enfiler une bonne rasade derrière la brabate - non - la trabate!
Etape 11 
Après environ, bouof... une debieurre de blus ou moins, pencher en direction du vour et s'y rendre.
  Oubrir la criss de borte du pour et rebourner, mettre l'autre bord- l’asti de guinde.  Mettons.
Etape 12 
Se pruler la main -f...- avec la tabarnak de borte du vour en la rafermant - ciboere de bâtard.
Etape 13 
S'ass...-woyons- s’ass...-ben woyons- s'ass...- woyons, c'qu'al'est, sti! - s'asse...woere- bon!- 
 s'a griss de chaise et se reverder 5 ou 6 whisky de verre... ou le gontraire- ou... cares.
Etape 14 
Buire - non - suire - non - cuire - non – ah ben oui, c'est ca : cuire -la bingue bandant 4 heures.
4 heures. Z'est ca.
Etape 15 
Et hop....pelai..e, 5 berres de plisse !  Ca vait du bien barou ça passe.
Etape 16 
ttttttttttirer le four-re de la dinde.
Etape 17 
Se rebercer une tite corchée de puisky - bas trop - tention, zussun droigt ?
wop attention- wopokay merci de rien.
Etape 18 
Là mon chum, on vazzayer de-suimoabenla- zortir le bour de la-woyons- de caliss m’a tu l'dire-
de woyons- de pinde, ça y est! s'cuse,voulais pas dire "de pinde", ce voulais dire,
 c’est: zordir le dinde de-c'est ca: de dinde- de dinde de nouveau, parce que,
 laisse-moe faire là, non laisse-moe faire, non gar-moe ben, bon OK, fais-le donc.
Etape 19
Rabasser la dinde qui est, hoonnnn, tombée bar derre.  L'ettuyer avec une... -non,
 l’aut' porte- avec un linge a vesselle et ladeposechappewopelaieoke sur un blat, ou une assiette,
ou on s'encriss...

Etape 20
Se péter la gueule a cause du gras sur le cushion floor - non -les tuiles de chose- de brelart,
genre de zeremiquecommonpourraitdire- anyway le plancher sti de la puisine et essayer
de se relever pour serass... -woyons- se rass... -s’ra pas long- serassss...ssayer. Pas grave.
Etape 21 
Décider qu'on est aussi ben a terre, ah pis venir la pouteille debouisky, quins.
Etape 22 
Ramper jusqu’au lit et torpir ziss un tipeu, polontan, issintipeupimouettkerect.
Etape 23 
Le lendemain midi, manger la dinde froide avec une bonne mayonnaise et prendre
l'après-midi pour nettoyer l'esti bordel que t'as fait dans l'cuisine la veille.


vendredi 2 novembre 2012

Les démons de Berlin

d'Ignacio del Valle, éditions Phébus
"Il se mit à leur place, tentant d'imaginer les mois d'enfermement, la destruction physique et morale qu'elles avaient subis jour après jour ; mais ce qui réveilla sa colère, ce ne fut pas leur misère, ni la malchance qui rampait autour de leurs personnes, pas plus que la faim qui les avait poussées à prendre des risques et à multiplier les larcins, ou ce long moment où elles étaient restées enterrées vivantes pour ne pas être emmenées dans un lieu plus terrible encore que la mort, mais l'absence, chez cette petite fille, de cette estime de soi infinie que possèdent les enfants, cette croyance primitive que le monde leur appartient, et avec lui, tout l'amour qu'il contient : cette conviction qu'ils ont le droit d'être aimés sans contrepartie."

jeudi 1 novembre 2012

Les conditions élémentaires du bonheur

"Dans the ..., il affirmera que les quatre conditions élémentaires du bonheur sont : la vie en plein air, l'amour d'une femme, le détachement de toute ambition et la création d'un Beau nouveau."
Alors, de qui est cette définition ?

samedi 20 octobre 2012

Ecorces

de Georges Didi-Huberman, Les éditions de minuit
  "C'est sur cette route, après la "sélection" sur la Judenrampe, qu'un fonctionnaire nazi s'est posté, entre mai et juin 1944, pour photographier les arrivants des convois de juifs hongrois, et notamment ces "inaptes" - femmes, enfants, vieillards - que l'on menait directement à la mort. En ce dimanche paisible de juin 2011, la route est vide : pas un touriste à l'horizon. Ce n'est qu'une voie caillouteuse pour se rendre de la zone ferroviaire du camp vers la zone des chambres à gaz. L'image que j'en saisis d'une visée sommaire et d'un simple geste du doigt est au fond bien plus retorse, en dépit de sa grande banalité, bien plus complexe que tout ce qu'on peut dire lorsqu'on espère tout d'une photographie ("oui, c'est là, c'est cela") ou au contraire, lorsqu'on n'en espère plus rien du tout (" non, ce n'est pas cela, car cela est inimaginable").
Il suffit d'un point de vue archéologique pour lever les fausses difficultés de cette alternative.Oui, c'est bien là, oui c'est cela qui résiste encore au temps : c'est bien cette route, ce chemin, ce sont bien ces deux haies de piliers en béton munis de barbelés. C'est bien le lieu de notre notre histoire. Mais ce lieu est désormais vide de tous les acteurs de sa tragédie. Le feu de l'histoire est passé. Parti avec la fumée des crématoires, enfoui avec les cendres  des morts. Est-ce à dire qu'il n'y a rien à imaginer parce qu'il n'y a rien -ou si peu- à voir ? Certainement pas. Regarder les choses d'un point de vue archéologique, c'est comparer ce que nous voyons au présent, qui a survécu, avec ce que nous savons avoir disparu."

Pour compléter, entretien avec l'auteur ici.

Réflexion sur la photographie, les lieux de mémoire, l'inimaginable.

dimanche 30 septembre 2012

Zakuro

D'Ali Shimazaki, éditions Actes Sud
"A la fin de la soirée, je décide de prendre une photo de famille. J'installe l'appareil au fond du salon. D'abord, je laisse ma mère s'asseoir au milieu du canapé et demande à tout le monde de se placer autour d'elle. Tsuyoshi nous dit : "Disons Chîzu !"Quand je regarde dans l'objectif, ma mère fixe l'appareil, les yeux écarquillés, alors que tout le monde sourit."
Le père n'est pas revenu de Sibérie, la mère l'attend, hors du temps. Ecriture délicate et simple, ou tout comme.

vendredi 14 septembre 2012

Week-end à Zuydcoote

Epave à Zuydcoote,  Marvic
De Robert Merle, éditions Gallimard
"Maillat sentit un picotement désagréable derrière la nuque, le long de son bras. C'étaient comme de petites aiguilles chaudes qui s'enfonçaient dans sa chair, il n'aurait su dire où exactement, et qui se déplaçaient sans cesse. Ce n'était pas douloureux, et pourtant, c'était à peine tolérable. Est-ce que j'ai peur ? se demanda-t-il avec étonnement."
Prix Goncourt 1949 pour son premier roman. Ecoutez "radioscopie".
J'ai retrouvé le côté philosophique qui m'avait plu dans "L'île". Je n'ai pas vu le film de Verneuil, et finalement, je préfère rester avec ma lecture personnelle.

dimanche 9 septembre 2012

Bientôt

Bientôt, ce sera terminé. Il vient de me l'annoncer, comme une évidence. Moi, je reformule pour être sure d'avoir bien compris. Décidément, on en apprend tous les jours !
La surprise passée, l'onde se propage, souterraine.
Alors, je réalise. Le combat va bientôt s'achever. Un soulagement, le danger définitivement éloigné. En même temps, je perds ma meilleure ennemie. Contre qui m'arc-bouter ? Elle quitte l'arène, je m'effondre dans la poussière.
"C'est cela, pas de grossesse spontanée après cinquante ans."

lundi 3 septembre 2012

Le Maître de thé

De Yasushi Inoué, éditions Stock

"Vous souvenez vous du chapitre concernant l'apprentissage du thé ? Je pense qu'il est dû à Monsieur Rikyû : au début, il faut obéir à tout ce que le Maître ordonne ; ensuite, s'éloigner de lui un certain temps : si le Maître dit d'aller à l'est, se dirige vers l'ouest ! Cette période de contestation est nécessaire pour trouver sa propre personnalité ; après quoi, il faut retourner à nouveau vers le Maître et son enseignement : l'imiter dans les gestes les plus simples, comme verser l'eau d'un récipient dans un autre ... Ceci vaut aussi dans la vie quotidienne."
On trouve aussi cette réflexion : "Le néant n'anéantit rien ; c'est la mort qui abolit tout".
Le style "simple et sain" de la cérémonie du thé, on le découvre par petites touches, descriptions minutieuses des objets et des scènes. L'intrique de l'histoire, elle, chemine sur des décennies. 


samedi 1 septembre 2012

L'Opéra balayé par la pluie

d'Olivier Eudes, éditions Diabase
Lucrezia Panciatichi
"Au dehors j'ai jeté un dernier regard sur le rideau détenteur du mystère de la maison, mais j'ai regagné la rue sans qu'un seul mouvement vienne déranger son ordonnance. Le ciel était toujours aussi désespérément limpide et la chaleur était telle qu'on attendait la naissance des mirages du désert. J'aurais aimé que le temps soit à l'image de mon état d'âme et qu'un orage brise la monotonie de ce bleu pour y plaquer le rouge de ses éclairs et ses presque ténèbres. J'ai rêvé d'un vent fou qui aurait expliqué la déraison de mon acte. Pourquoi avais-je fait cela ?"
L'auteur est lui-même resté un mystère, nous indique la préface. Vingt huit ans, et la maladie l'emporte. J'ai lu ce roman en pensant à l'absence de  celui qui l'a écrit, ce qui ne me vient pas à l'esprit pour un texte du 19eme.
La post-face conclut par "Bonjour, Olivier Eudes !". J'ajoute "merci et bravo".

dimanche 12 août 2012

Lilith


d'Alina Reyes, éditions Robert Laffont

"A travers les murs de la ville, je vois : la solitude et la misère. Et l'enragée activité sexuelle des humains. J'aime cette époque, car elle est enragée de sexe comme d'un rêve à jamais perdu.
Je vois la neige tomber dans une forêt profonde, et les corbeaux en croassant tracer de noires lignes entre les sapins.
Je vois la grande Nature dont nous nous sommes bannis.
Je vois la nuit se coucher sur cette forêt, la pénétrer, je sens les arbres et le ciel échanger leurs vastes et délicates caresses, et je m'en vais, chouette effraie, veiller de mes yeux ronds sur le coeur de la vie."

Lilith, c'est le titre qui m'a attirée, et puis la quatrième de couverture, et le visage de l'auteure. Je n'ai pas été déçue. Au passage, j'ai retrouvé les grottes de Gargas que je venais de visiter ...

jeudi 19 juillet 2012

La femme gelée

"Femmes grignoteuses, toujours démasquées, que des frustrées, des infantiles, satisfactions orales en catimini hou les vilaines manières.
Moi je crois que les bouts de chocolat et de fromage en douce, les lichées de pâte à même le saladier ont sauvé ma part de faim. Le grignotage c'était mon tout-prêt à moi, sans assiette ni couvert qui rappelle le rite de la table, une revanche sur l'éternité de mangeaille à prévoir, acheter, préparer."
Annie Ernaux
Ce contact m'a glacée, j'étais devenue, en lisant, moi aussi une femme gelée.

mercredi 11 juillet 2012

Devinette

"Les trois hommes firent un pas en arrière. Mr R. me fit vivement passer derrière lui : la folle lui sauta à la gorge et lui imprima ses dents dans la joue : il y eut une lutte. C'était une femme de haute stature, presque aussi grande que son mari, et, de plus, assez corpulente : elle fit preuve dans cette lutte, d'une force presque virile, car elle l'étrangla à moitié. Certes, il s'en serait rendu maître par un coup bien dirigé ; mais ne voulant pas la frapper, il ne pouvait que l'empêcher de nuire. Enfin, il put lui saisir les bras : Grâce Poole lui passa une corde, et on lui attacha les mains derrière le dos, puis on la lia sur une chaise. Pendant ces diverses opérations, elle ne cessait de pousser des cris furieux, et de se débattre convulsivement. Quand il eut fini, Mr R. se tourna vers les spectateurs et dit avec un sourire amer :
- Voici ma femme."

Alors, qui est Mr R. ?

jeudi 14 juin 2012

Les Hauts de Hurle-Vent

"Je remarque, quand je parais en sa présence, que les muscles de sa face se contractent involontairement et prennent une expression de haine, haine qui vient en partie de ce qu'il connaît les bonnes raisons que j'ai  d'éprouver pour lui ce même sentiment, et en partie d'une aversion originelle. Cette aversion est assez forte pour me donner la quasi-certitude qu'il ne me pourchassera pas à travers l'Angleterre si je parviens à m'échapper ; il faut par conséquent que je m'éloigne tout à fait. Je suis revenue de mon désir primitif d'être tuée par lui : j'aimerais mieux qu'il se tuât lui-même ! Il a complètement éteint mon amour, je suis donc à mon aise. Je puis pourtant encore me rappeler combien je l'ai aimé ; je puis même vaguement imaginer que je pourrais continuer à l'aimer, si ..."
Emily Brontë, traduit par Frédéric Delebecque, éditions de Fallois

Musique de Kate Bush, images du film de Kosminsky

Fascinant d'amour et de noirceur.

mercredi 6 juin 2012

L'introspecteur

Je l'ai retrouvé en faisant le ménage de printemps. Un long tuyau noir muni d'une petite ampoule lumineuse. Cet appareil nous donne la vision de notre intérieur : la manipulation n'est pas très agréable, mais elle n'est pas douloureuse. L'intérieur de soi, alors éclairé, se révèle enfin : je suis mosaïque à taches rouges ...

sebok.be
600 × 450 - Research of harmony Összhang keresés Introspection Magàban szàllàs

samedi 5 mai 2012

Qui a écrit ?

"Cet agacement insurmontable devant ma mère, toutes les horreurs dont je l'accuse, sa vulgarité, ses histoires en dessous, ses pensées égoïstes et morbides, sa bondieuserie, je sais que tout cela me cachera à tout jamais ses qualités."
Un indice à chaque proposition, sauf si c'est la bonne ...

mardi 1 mai 2012

L'essentiel


Le rendez-vous de trop ?
Non, mais elle avait envie de fumer, alors elle s’est levée et a quitté la salle du restaurant.
Je regardais les ferronneries de la maison en face, en attendant son retour.
Elle s’est assise, un petit sourire, je ne sais plus si elle a parlé.
Que lui répondre ?
Constater que la conversation s’était épuisée, les sujets travail, enfants, loisirs déjà évoqués.
Ce qui nous avait rapproché ne s’est pas manifesté.
C’était quoi au juste ?

samedi 21 avril 2012

Saturne

d'Eduardo Halfon, éditions meet, "les bilingues", traduit de l'espagnol par Françoise Garnier
"Votre colère lors de notre ultime bagarre, père, me dévore encore. Vos cris résonnent encore en moi comme ces coups de tonnerre qui précèdent la pluie, la pluie qui jamais ne cesse. Insultes et menaces et condamnations. Taillées par un géant. Vous avez avoué, père, votre désir de vous venger de moi. Vous me l'avez crié, vous en souvenez-vous ?"
"Su còlera durante nuestra ùltima batalla, padre, todavìa me està consumiendo. Sus gritos retumban en mì como los truenos que preceden la lluvia, la lluvia que jamàs escampa. Insultos y amenaza y condenas. Como las de un gigante. Admitiò usted, padre, su deseo de vengarse de mì. Asì me lo gritò, Se recuerda ? "
Mon clavier n'est pas hispanique, vous pardonnerez les accents. Ce texte est une lettre adressée au père du narrateur. "Des réflexions sur le suicide, et sur mon père, me hantent." Une lettre où les suicides des écrivains sont égrainés, comme la litanie des saints.

dimanche 15 avril 2012

TGV



Adèle dans le TGV, prend un café au bar. Tailleur rose pâle très moulant, escarpins roses. Elle sourit d’être avec les autres, comme les autres, que certains hommes louchent sur son décolleté. Les cheveux sont rassemblés dans un chignon, on devine à peine qu’ils sont crépus. Elle est heureuse. Elle revient d’un congrès à Paris, levée tôt, course pour déposer Samuel chez la nounou. Reste à rejoindre la voiture, garée loin des parcmètres, faire la route pour retrouver la maison. Samuel sera déjà couché, Fred aura dîné. Elle aura passé une journée exaltante.
Parmi les clients du bar, une  femme, mal fagotée, la regarde avec insistance et semble la juger. Elle lui répond du regard. Oui, elle veut être vue. Oui, elle joue de sa féminité. Non, elle ne souffre pas dans ses chaussures. Non, sa coiffure plaquée ne lui fait pas mal à la tête. C’est très bien comme ça. C’est le prix de l’assimilation, comme dit son père.

dimanche 25 mars 2012

Volcan brésilien

coulée
200 grammes de chocolat, fondu avec 50 grammes de beurre, deux oeufs ajoutés quand le mélange a tiédi, une belle cuillère de farine tamisée complète le tout : l'appareil est réparti dans 5 moules beurrés et farinés, saupoudré de farine puis gardé au réfrigérateur. Le moment venu, la cuisson débute à four chaud, thermostat 7. La durée est affaire de four, mais ne dépassera pas douze minutes. Le démoulage est délicat, dans une assiette déjà garnie de glace.
Quand la cuillère, innocemment, brisera la coque chocolatée, une coulée de lave envahira l'existant ...

mercredi 21 mars 2012

Tedo

Ainsi, tu es passé, tu as atteint l'autre rive
J'ai pensé pouvoir montrer ton histoire à mes enfants, mais j'ai renoncé.
Patience, ils ont bien le temps de découvrir le monde ...
Ce monde où les enfants sont des cibles, les femmes des marchandises, les hommes de tristes pantins
Pourtant, comme José, je crois en l'amour
En notre humanité
Continue, Tedo

samedi 17 mars 2012

Les plantureuses

Adrienne a ramené à ma mémoire la visite d'une exposition à Liège du scuplteur George Grard.
J'avais contourné ces femmes monumentales et apprécié leur forme généreuse.
Comme souvent, le catalogue est dans ma bibliothèque, témoin d'un jour où je me suis sentie libre ...

dimanche 11 mars 2012

Amor

de Maïca Sanconie, Quidam Editeur
"C'est dans une de ses courses qu'elle avait conçu Emilio. Et sa toute première présence, minuscule, l'avait entraînée si loin, jusqu'ici dans cette ville, avec son parler insensé et son chaos. Elle soupira, puis, aussitôt, un murmure monta de sa gorge, une incantation de pêcheur au large de quelque îlot oublié. Elle ferma les yeux et glissa, ombre d'Ombrie, ligure délivrée, au pied rouge de l'Etrurie, roula dans une coulée de lave qui striait encore le Vésuve, reprit enfin sa forme définitive dans la baie d'entailles claires de Naples, fraîche à l'aube et odorante du marbre ouvert à la torsion de sculpteurs au teint sombre comme des icônes byzantines.
Là, sur la hauteur, contre l'église décolorée de soleil, Emilio peignait une fresque gigantesque, nimbé d'or tel un saint de Florence."

Belle langue, très ouvragée, parfois trop pour moi, même si j'ai lu avec beaucoup de plaisir ...

vendredi 9 mars 2012

Le dernier mot

"Le dernier mot du jour est le seul mot vivant,
Quand les mots envolés dans la cendre des pages,
Retombent dans le Temps oubliés ou perdus.
Ce mot, l'être, le sang, le corps et le visage
D'une, la transparente au cours de ces années ...
Ce mot les contient tous, à notre vie tendus
Ce mot qui rend nouveaux tous les mots disparus
Amour c'est bien ce mot, le dernier mot du jour
Et le premier pour toi, pour eux,
Pour ceux qui suivent
pour l'inconnu passant trouvant sur le chemin
Ce mot banal et neuf, ce mot proche et lointain
Qui fait clair le poème et la parole vive !"

Extrait du recueil "Les mots du jour", éditions Donner à Voir.

mercredi 7 mars 2012

Comédie du suicide

de Jean-Claude Leroy, Editions Cénomane
"La fièvre tomba. Une certaine fraîcheur m'investit, ajustée à mon corps-esprit, à mon état présent. Le vieil homme s'ouvrait complètement et je m'enfouissais dans une immobilité parfaite, tandis que la barque semblait suspendue, parfaitement immobile, elle aussi, au courant de la rivière qui coulait d'un monde à l'autre sans jamais les rejoindre."

128 pages que j'ai lues à petites gorgées, pour savourer le texte, pour le digérer, pour en rire aussi.

lundi 5 mars 2012

Histoire du pied et autres fantaisies

JMG Le Clézio, éditions Gallimard
"Quelque chose a changé dans ma ville. Elle n'a jamais été aussi vide, aussi grise, murailles de béton aux fenêtres identiques, rubans d'autoroutes en forme de trèfle à quatre feuilles, ponts, esplanades, voies ferrées qui percent la terre. Cette ville autrefois luxueuse ne peut plus échapper à la désolation des rivages de la mer. La mer n'est plus une aventure. De grandes nappes irisées dérivent aux embouchures, le vent porte des nuages de ciment. Même vers le sud il n'y a plus de liberté. Une angoisse incompréhensible, irrépressible jaillit du bleu du ciel. le soleil, la beauté des palmes, la douceur des lagons au crépuscule portent une douleur lancinante."

Barsa, l'arbre Yama, Bonheur, Amour secret sont des récits sans lien apparent. Comme si un voyage en métro les avait inspirés. La pâte de l'écrivain est pourtant bien présente, et relie l'ensemble.

mercredi 22 février 2012

Carnaval

fêtes saturnales ou dionysiaques, 
c'est la fin du monde.
Tout est permis.
Puis le temps revient à son commencement.

Gaïa, sous son masque de chienne affectueuse


mercredi 15 février 2012

Airbag

Airbag

Avant que d'être désintégrée par l'impact
L'airbag se déploie, après une brève explosion
Puis je ne vois plus rien

Persuadée d'être toujours au volant

Pourquoi la nuit si subite ?

lundi 13 février 2012

Appel d'air

"Pourquoi m'avez-vous invitée ?" demanda-t-elle. Annie Le Brun était sur France culture, et moi au volant.
A lire, sa dernière réédition, Appel d'air, éditions Verdier poche,  et une entrevue sur "le matricule des anges".

« Voilà longtemps que rien n’est venu s’opposer véritablement à l’ordre des choses. Même, presque tous ceux qui prétendaient mener une critique sociale ne se sont nullement rendu compte de l’anachronisme de leurs armes. C’est pourquoi il n’est peut-être pas tout à fait inutile de revenir à cet appel d’air, à travers lequel, cherchant à ce que le vent se lève, j’avais misé moins sur la poésie proprement dite que sur l’insurrection lyrique qui en est à l’origine et réussit parfois à embraser tout le paysage. Ce qui n’est pas sans danger. S’il est alors possible de voir s’illuminer des pans de réalité insoupçonnée, il n’est pas d’édifice théorique qui n’en soit implicitement menacé, chacun ne tenant dans cette lumière que par l’intensité de ce que ses fenêtres laissent voir ou non. Tel est aujourd’hui le risque à courir pour que le regard commence à porter au loin. »


Extrait d'"Appel d'air"

samedi 11 février 2012

Les quatre vérités


de David Lodge, éditions Payot Rivages
Ceci est une novella, texte écrit à partir d'une pièce de théâtre. La lecture est très agréable, on voit littéralement la scène se dérouler. L'écrivain et les média, la création et l'ego, un sauna, en moins de deux cents pages : bonne pioche !
"C'était la première fois qu'il la touchait, hormis leur poignée de main sur le seuil, et ce contact avait quelque chose d'intime au point de frôler l'érotisme. Conscients tous les deux du caractère liminal de l'instant, ils le manifestèrent en suspendant soudain tout mouvement, aussi immobiles que les personnages d'un bas-relief antique. Adrian laissa son doigt posé sur la peau de Fanny tandis qu'il étudiait le papillon, tel un entomologiste curieux. Elle tenait les yeux rivés sur ce doigt. Tous deux se taisaient. La voix qui résonna fut celle d'Eleanor."

mercredi 8 février 2012

Oiseaux, bêtes et grandes personnes

de Gerald Durrell, éditions Stock.
Le bouquin a été déniché des réserves de la médiathèque. Edité en 1970, les pages sont jaunies, et la langue assez académique. Sensation de lire un texte qui aurait du passer entre mes mains trente ans plus tôt ... Merci à Christelle pour l'idée.
Corfou, où les animaux ne sont pas les êtres les plus étranges que l'on croise.
http://whitemetropolis.wordpress.com/tag/gerald-durrell/ Spiro et Gerry


"Il examina avec dégoût ma progéniture rose en robe de fourrure blanche.
- Qu'est-ce donc ? demanda -t-il.
Je lui expliquai que c'étaient des bébés hérissons.
- C'est impossible, dit-il. Les hérissons sont tous marron.
L'ignorance des miens du monde dans lequel ils vivaient avait toujours été pour moi une source de chagrin et je ne perdais jamais l'occasion de leur dispenser des informations. J'expliquai que les hérissons femelles ne pourraient, sans souffrir la torture la plus atroce, donner naissance à des bébés couverts de durs piquants, de sorte qu'ils naissaient avec ces petits piquants blancs caoutchouteux que l'on pouvait ployer entre les doigts aussi aisément qu'une plume. Plus tard, avec la croissance, les piquants brunissaient et durcissaient."

vendredi 3 février 2012

Agnès, je lis là

Entre une impatience et les dessins des enfants, les livres lus, à lire, les magazines, les trouvailles rapportés de la médiathèque. Toujours le soir, comme le garant d'une bonne nuit. Je lis du début à la fin, dans l'ordre. Généralement, je persiste, même si je m'ennuie, ce qui est rare. J'ai abandonné récemment, car le texte était trop violent pour moi. Je partage peu mes lectures dans la vie quotidienne. Le blog est sympa pour ça. J'emprunte régulièrement livres et disques, j'achète sur un coup de coeur, en me disant que je vais offrir ce bijou à un proche (ce que je fais le plus souvent). Je reçois aussi des livres en cadeau, comme "Picasso et ses maîtres", superbe. Lire, c'est comme atteindre un autre rivage, une autre réalité. Indispensable !

samedi 28 janvier 2012

Hiver

Le froid va remplacer la neige dans la nuit de samedi à dimanche © MAXPPP
C’est étrange les dates, artificiel et magique. Le jour de mon anniversaire, par exemple, est bien un jour comme les autres. Il est rare d’ailleurs que je me souvienne de mes anniversaires passés, encore moins des cadeaux reçus. Désolant ! Mais chaque fois, je vois un cap, des résolutions à tenir, comme si ce jour-là avait le pouvoir de me faire changer. Cette année, c’est étonnant, j’ai l’âge de l’année de naissance de ma mère, et ma mère a l’âge de mon année de naissance. Ce n’est sans doute pas un mystère pour les matheux, mais moi, j’y vois un signe. Peut-être que je ne l’oublierai pas. Le comble, car justement, je n’ai pas fêté mon anniversaire.  Cette année, je me suis rendue à la clinique voir ma mère.
Nous nous sommes décidés au dernier moment, car il avait beaucoup neigé. Les champs étaient encore blancs, la route était bien dégagée. Les congères donnaient au plat paysage l’illusion des sommets. On arriva le soir en ville, pataugeant dans la neige sale, mais les réverbères et les guirlandes rendaient la nuit moins austère. J’étais tendue, sans doute de m’être cramponnée à mon volant plusieurs heures : tout peut arriver quand il neige.
Etre à la maternité pour voir sa mère, le jour de son anniversaire, n’est-ce pas cocasse ? Je suis née un peu en avance, je n’étais pas un gros bébé. Ma mère a voulu m’allaiter, mais ses mamelons avaient une forme ombiliquée, et cela n’avait pas été possible. Comble de malchance, je ne supportais pas le lait de vache. Comment ma mère a-t-elle vécu ce premier séjour à la maternité ?
Cette année, encore la malice des chiffres, mon fils a eu dix ans.  Il est devenu un grand, il peut monter à l’avant de la voiture. On a fait une grande fête, avec beaucoup d’invités et de cadeaux. S’en souviendra-t-il ? Moi, j’étais maman depuis dix ans. D’ailleurs, ne fête-t-on pas plutôt la commémoration d’une rencontre, la rencontre avec son premier-né, qui bouleverse l’existence, la rencontre avec chacun des êtres qui nous sont chers ? Les parents fêtent le jour de la naissance, les amoureux le jour de leur premier regard. Mais pour soi-même, marquer et fêter le temps qui passe ne tient que par le renouvellement de nos espoirs.
En fait, cette année, pour mon anniversaire, je n’ai fait que traverser la maternité, car ma mère était hospitalisée dans l’aile de chirurgie. Une opération du sein. Les radiologues ont été embêtés pour l’injection du produit de contraste, car les mamelons étaient ombiliqués. L’opération s’est bien passée, mais je n’ai été tranquille que lorsque nous étions tous réunis à la maison.  La neige fondait.
J’ai décidé que cette conjonction de chiffres n’était pas un hasard, et qu’elle était signe de chance, pour nous tous.

lundi 23 janvier 2012

La carpe et le lapin

Le bonheur d'Emma, par Sven TaddickenAvec Jördis TriebelJürgen Vogel
Pas seulement drôle
Une histoire sur la mort
Touchant

Sur mes lèvrespar Jacques AudiardAvec Vincent CasselEmmanuelle Devos.
Pas seulement violent
Une histoire sur le travail
Flippant

Pas seulement un grand succès
Une histoire sur la différence
Réjouissant



mercredi 18 janvier 2012

Le livre du bonheur

de Nina Berberova, éditions actes sud.
"Au plus profond d'elle-même -  et c'était cela qui faisait de ces trois minutes (ou peut-être quatre ?) un moment de félicité -, tout son être délassé, détendu par le sommeil, se tournait soudain avec calme et attention dans une direction où il semblait qu'il n'y eût rien auparavant : elle regardait et voyait la vie, ce courant qui était aussi en elle, et, dans cette sensation de joie étouffante, abandonnant ce reflet fantomatique d'elle-même qu'elle s'était imaginé un jour, elle ne faisait qu'un avec l'univers tout entier, le soleil qui se lève, les cris des oiseaux, tout ce qui est et demeurera sans fin."
Un vrai bonheur à lire ...

vendredi 13 janvier 2012

Le portrait

http://berthaux.blogspot.com/
"Une histoire que lui avait jadis contée son professeur lui revint à la mémoire. L'illustre léonard de Vinci avait peiné, dit-on, plusieurs années sur un portrait qu'il considéra toujours comme inachevé ; cependant, à en croire Vasari, tout le monde le tenait pour l'oeuvre la mieux réussie, la plus parfaite qu'il fût ; les contemporains admiraient surtout les yeux, où le grand artiste avait sur rendre jusqu'aux imperceptibles veinules. Dans le cas présent, il ne s'agissait point d'un tour d'adresse, mais d'un phénomène étrange et qui nuisait même à l'harmonie du tableau : le peintre semblait avoir encastré dans sa toile des yeux arrachés à un être humain. Au lieu de la noble jouissance qui exalte l'âme à la vue d'une belle oeuvre d'art, si repoussant qu'en soit le sujet, on éprouvait devant celle-ci une pénible impression."
Nouvelles de Pétersbourg, Gogol, éditions Folio classique

samedi 7 janvier 2012

Le principe de réalité selon Dorn

"Avant de quitter Berlin, il fallait qu'Alfred établisse des listes où il inscrirait tout ce qui était susceptible de disparaître, afin que toute tendance à disparaître puisse être détectée à temps et qu'il puisse intervenir. Il n'avait pas encore surmonté le choc qu'il avait reçu en apprenant que le professeur avait brûlé toutes ses lettres. Tout ce qu'il ne conservait pas lui-même finissait par être détruit. La réalité est un processus de destruction. Ce qu'on appelle le principe de réalité est un système destiné à transfigurer ce processus de destruction. Pour éviter que les gens ne se mettent à pousser des cris de douleur, et ne s'arrêtent plus jamais de crier, on les habitue à penser que le temps qui passe apporte plus de choses agréables que de choses mauvaises. En réalité, c'est le contraire, mais il faut le gommer et le transfigurer. Il ne pouvait tout de même pas quitter Berlin sans savoir quelle musique on avait jouée pour les obsèques de sa  mère !"
Martin walser, Dorn ou le musée de l'enfance, éditions Robert Laffont.

mercredi 4 janvier 2012

L'île

"Il la regarda. Ce mot jouer, quelle trouvaille ! Ce mot seul, c'était tout un peuple, toute une civilisation ! Quel air innocent il avait ! On faisait une partie de cache-cache avec Itia sous les fougères géantes, et quand on l'avait attrapée, on jouait. Adamo et Itia, nus et enfantins sur la mousse comme deux bébés sur un  tapis ... Jouer ! Jouer ! La vie entière n'était qu'un jeu. le matin, quand il faisait frais, on jouait à pêcher des poissons. L'après-midi, on jouait à monter dans les cocotiers pour cueillir les noix. Le soir, quand la fraîcheur revenait, on jouait à chasser le cochon sauvage. Mais vers le milieu du jour, et en plein ventre du soleil, on gagnait l'ombre, et on jouait ... le verbe n'avait plus besoin de complément. C'était le jeu par excellence. le plus innocent des jeux."
Robert Merle, Editions Gallimard
Plutôt que roman d'aventure, réflexion sur le racisme, la démocratie ...

lundi 2 janvier 2012

Les intermittences de la mort

Papillon de nuit
Cher José, 
J'espère que tu ne seras pas chagrin de me voir citer un extrait de ton texte. Cela n'a pas été aisé, tu t'en doutes, comment choisir ? comment couper ? Mais j'avais besoin de tes mots pour approcher la mort.
Bises à Blimunda et heureuse éternité
Céline



"La femme prit le cahier de la suite numéro six de bach et dit, Ceci, C'est très long, cela prendra plus d'une demi-heure et il se fait tard, Je répète que nous avons le temps, Il y a un passage dans le prélude qui me cause des difficultés, Cela n'a pas d'importance, sautez-le quand vous parviendrez là, dit la femme, ou ce ne sera même pas nécessaire, vous verrez que vous jouerez encore mieux que rostropovitch. Le violoncelliste sourit, Vous pouvez en être sûre. Il ouvrit le cahier sur le pupitre, respira profondément, plaça la main gauche sur le manche du violoncelle, la main droite conduisit l'archet presque jusqu'à effleurer les cordes, et il commença. Il ne savait que trop bien qu'il n'était pas rostropovitch, qu'il n'était qu'un soliste d'orchestre quand le hasard d'un programme l'exigeait, mais ici, devant cette femme, avec son chien couché à ses pieds, à cette heure de la nuit, entouré de livres, de cahiers de musique, de partitions, il était johann sebastian bach lui-même, composant à köthen ce qui s'appellerait plus tard l'opus mille douze, des oeuvres presque aussi nombreuses que celle de la création. Le passage difficile fut franchi sans qu'il se fût aperçu de la prouesse qu'il venait d'accomplir, ses mains heureuses faisaient murmurer, parler, chanter, rugir le violoncelle, voilà ce qui avait manqué à rostropovitch, ce salon de musique, cette heure, cette femme. Quand il eut terminé, les mains de la femme n'étaient plus froides, les siennes étaient brûlantes, leurs mains se rencontrèrent donc sans surprise."
José Saramago, éditions du Seuil