de Lidia Jorge, éditions Métailié
"Ou bien Maria London se trompait lourdement, ou bien cet homme appelé Campos était pétri d'une sauvagerie, d'une rusticité qui faisait de lui un bloc et l'empêchait de mentir. Il était taillé à la serpe et impossible à décrire. Elle avait conclu cela. Ou alors elle avait pensé cela pour une autre raison importante. Car tout au long de cette harangue provoquée par des étudiants rivaux, il avait défendu exactement ce qu'elle avait appris pendant ses cours d'Inutilités. A savoir qu'un excès d'analyse empêche les actes simples, les actes perpétrés dans l'obscurité de l'inconnaissable qui sont à la base de la création des mythes. La vieille histoire du mille-pattes qui se met à réfléchir aux mouvements de ses pattes et dont la progression se trouve paralysée. Mais la raison évidente pour laquelle elle avait pris un taxi afin de poursuivre Osvaldo Campos de feu rouge en feu rouge le long de l'avenue de la République était d'une nature plus pratique, elle résultait de la conviction soudaine que, contrairement à Navarra, cet homme aux sourcils en bataille n'insisterait pas pour qu'elle fasse la distinction entre ce qui était rêvé en dormant et ce qui l'était en marchant. Cette toile dans laquelle elle-même s'enveloppait comme dans un costume de scaphandrier et dont elle ne voulait pas se déprendre et vers laquelle Navarra envoyait ses comprimés, soit dans l'intention de la faire exploser, soit dans l'espoir de l'endormir à force de paix."
Qui n'a pas rêvé de connaître la vie de son psychanalyste, une fois la porte du cabinet fermée ? C'est une lecture possible de ce roman. J'y ai trouvé aussi le parfum des romans de Saramago, portugais comme l'auteure.
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